Utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire : après une diminution, une consommation de nouveau en hausse !

Une utilisation excessive ou peu judicieuse d’antibiotiques en médecine vétérinaire constitue un risque tant pour la santé publique que pour la santé animale en raison de l’apparition de souches bactériennes résistantes. En 2014, l’agence fédérale des médicaments et des produits de santé (afmps) a également collecté et évalué, en collaboration avec la Faculté de Médecine vétérinaire de l’Université de Gand, les chiffres de vente d’antibiotiques dans le sixième rapport BelVet-Sac (Belgian Veterinary Surveillance of Antibiotic Consumption).

Depuis 2009, l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux en Belgique fait l'objet d’un suivi et est publiée chaque année dans un rapport BelVet-Sac. Le sixième rapport est maintenant disponible et analyse pour 2014 les chiffres de vente de médicaments vétérinaires antibactériens délivrés à un pharmacien d’officine belge ou un médecin vétérinaire dépositaire belge. Les prémélanges médicamenteux insérés dans des aliments pour animaux et vendus à des éleveurs ont également été pris en compte. Il s’agit donc de la consommation totale d’antibiotiques tant chez les animaux d’élevage que les animaux de compagnie. Cette utilisation est mise en rapport avec les kilogrammes de viande de porcs, volaille et bovins produits annuellement (biomasse) additionnés du nombre de vaches laitières présentes.

La consommation totale d’antibiotiques en médecine vétérinaire, exprimée en tonnes de substance active, a augmenté en 2014 (267.744 kg) de 3,2 % par rapport à 2013  (259.449 kg). Pour 2012 et 2013, une diminution d’environ 7 % par rapport à l’année précédente a chaque fois été enregistrée. La biomasse totale produite en Belgique a toutefois augmenté en 2014 par rapport à 2013 (+ 2,1%), entraînant une augmentation de la consommation de + 1,1 % exprimée en mg par kg de biomasse produite. Sur les trois dernières années, la diminution moyenne de 12,7 % des 2 premières années est ainsi passée en 2014 à une diminution moyenne de 11,8 %. L'espoir était que la tendance à la baisse de la consommation d’antibiotiques des années précédentes allait également se poursuivre en 2014. Nous observons cependant une stagnation et même une légère augmentation de la consommation d’antibiotiques. Une tendance à la baisse durable n’est pas encore à noter. 

Contrairement à l’année passée, l’utilisation chez les animaux de substances critiques pour la santé publique tels que les fluoroquinolones et les dernières générations de céphalosporines a également augmenté, respectivement de 5,3 et 4,1%. Pour les macrolides, on observe même une augmentation annuelle de 33,2 %.

Malgré les recommandations à différents niveaux visant à réduire davantage l’utilisation d’antibiotiques afin de pouvoir continuer à employer des produits efficaces, il y a donc une légère augmentation en 2014. L’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency, EMA) a établi des directives supplémentaires pour les produits critiques en vertu desquelles le vétérinaire doit effectuer préalablement au traitement des tests de sensibilité du germe pathogène en cause. L’utilisation exclusivement préventive d’antibiotiques n’est également plus acceptée. Au niveau belge, l’asbl AMCRA (Antimicrobial Consumption & Resistance in Animals), au sein de laquelle sont représentés entre autres les secteurs agricoles, sensibilise depuis 2012 les vétérinaires et les éleveurs à une utilisation plus responsable par le biais de vadémécums pour les différentes espèces et de guides de bonnes pratiques de gestion en matière d’élevage.

L’AFMPS et l’AFSCA constatent que les avis et les mesures autorégulatrices visant une politique rationnelle et durable en matière d’antibiotiques et les campagnes de sensibilisation ne portent pas suffisamment leurs fruits et que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour parvenir à une plus grande réduction dans l’utilisation d’antibiotiques dans les élevages.

À cet effet, il est nécessaire de créer un système de données grâce auquel le comportement de prescription et de fourniture du vétérinaire et l’utilisation de médicaments par l’éleveur peut être inventorié. Ce système géré par les autorités doit être élaboré en étroite collaboration avec les partenaires concernés. L’analyse de ces données permettra d’une part d’établir des objectifs réalistes pour une utilisation correcte d’antibiotiques, en tenant compte des normes de référence scientifiques spécifiques. D’autre part, un tel système permet de retransmettre des informations tant aux prescripteurs qu'aux utilisateurs.

Depuis juin 2014, une taxe sur les volumes vendus est imposée aux titulaires d’autorisation de produits antibactériens vétérinaires pour permettre un tel système. Le développement du système électronique central de données sera terminé pour fin 2015 et sera ouvert pour tous les partenaires. En parallèle, on travaille à un cadre législatif pour rendre obligatoire l’enregistrement de ces données.

Sur la base des informations collectées, il peut être décidé si des mesures réglementaires plus strictes sont nécessaires pour les conditions dans lesquelles les antibiotiques peuvent être prescrits ou fournis par le vétérinaire et également dans lesquelles l’éleveur peut utiliser ce stock de produits. 
 
En tout cas, il est clair que les efforts fournis en matière de sensibilisation et d’accompagnement des vétérinaires et des éleveurs ne peuvent pas être réduits. Au contraire, avec la récente hausse de la consommation et, par contre, la baisse de la consommation dans certains Etats membres voisins présentant un même type d’élevage, ceux-ci doivent plutôt être intensifiés afin de pouvoir réaliser les objectifs en matière de consommation d’antibiotiques tels que repris dans le plan stratégique 2020 de l’a.s.b.l. AMCRA.

Ces objectifs peuvent uniquement être atteints si tous les intéressés collaborent à une approche intégrée où aussi bien les autorités que les secteurs concernés prennent leurs responsabilités.

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Dernière mise à jour le 26/06/2015