Nouvelle diminution significative de l’usage d’antibiotiques dans l’élevage. La Belgique peut réduire sa consommation de moitié en dix ans.

Date: 19/06/2019

Les résultats de 2018 confirment la tendance des années précédentes avec une consommation en baisse de 12,8 % de mg de substance active/kg de biomasse par rapport à l’année passée. C’est à nouveau la plus forte baisse en un an depuis 2011, pour la deuxième année consécutive. Par rapport à l’année de référence 2011, il s’agit d’une diminution totale de 35,4 %.

Pour lutter contre la résistance aux antibiotiques, il est très important de suivre la consommation d’antibiotiques chez les animaux. C’est pourquoi Ugent et le centre d’expertise AMCRA asbl analysent chaque année, en étroite collaboration avec l’AFMPS, dans le rapport BelVet-SAC (Belgian Veterinary Surveillance of Antibiotic Consumption) les données collectées auprès des grossistes-répartiteurs de médicaments vétérinaires et des fabricants d’aliments composés qui produisent des aliments médicamenteux pour animaux. Grâce à SANITEL-MED, les données d’utilisation des éleveurs sont également analysées. Les résultats de l’analyse pour l’année 2018 sont disponibles dans le nouveau rapport BelVet-SAC.

Chiffres pour 2018
En 2018, la consommation d’antibiotiques a diminué de 12,8 % de mg de substance active/kg de biomasse par rapport à 2017. Depuis 2011, la consommation totale a diminué de 35,4 %, avec une baisse importante de la consommation de prémélanges (69,8 %) et, dans une moindre mesure, de produits pharmaceutiques (27,3 %).

Exprimée en quantités absolues de substance active, la consommation a diminué de 11,3  % par rapport à 2017. Il s’agit ici de -11,7 % pour les produits pharmaceutiques et de -7,6 % pour les prémélanges. D’autre part, il y a eu une augmentation de 1,73 % de la biomasse animale totale en 2018 par rapport à 2017.

Pour la troisième année consécutive, l’utilisation des prémélanges a connu une diminution substantielle avec, en outre, une poursuite de la baisse de l’utilisation thérapeutique de l’oxyde de zinc (ZnO) de -21,3 % par rapport à 2017. La diminution totale de l’utilisation des prémélanges antibactériens est donc de 69,8 % depuis 2011. Le premier objectif stratégique consistant à utiliser moitié moins de prémélanges que l’an dernier est bien sûr maintenu. 

Pour la cinquième année de suite, on note également une baisse continue de l’utilisation de la colistine (-4,1 %). Depuis 2012, date à laquelle le ZnO, qui remplace principalement la colistine, a été homologué, cela représente une réduction totale de 64,4 % dans l’utilisation de cette classe d’antibiotiques. Le côté positif est l’utilisation de ZnO en 2018 a également été progressivement réduite pour la troisième année consécutive, ce qui indique que de plus en plus de traitements alternatifs sont introduits.

Il y a aussi de moins bonnes nouvelles. L’utilisation de produits « rouges », substances critiques d’une grande importance pour la médecine humaine, a connu une augmentation de 34,4 % en 2018 par rapport à 2017. Globalement, depuis 2011, la réduction correspond à tout de même à 79,1 %. L’objectif d’une réduction de 75 % de la consommation d’ici 2020 est donc maintenu.

Pour la deuxième fois, l’évolution de la consommation de produits intramammaires chez le bétail laitier a été examinée. On note une diminution substantielle entre 2013 et 2015 (-30,1 %). Celle-ci ne s’est toutefois pas poursuivie au cours des trois dernières années, où une augmentation limitée a été observée. Cette évolution ne reflète donc pas immédiatement l’application en baisse du tarissement systématique tandis que l’utilisation de préparations mammaires pour traiter la mastite reste relativement stable. En raison de l’homologation obligatoire des antibiotiques chez les bovins laitiers à partir d’octobre 2018, ce secteur devra prendre des mesures supplémentaires pour réduire la consommation d’antibiotiques.

Enfin, la consommation d’antibiotiques chez les chiens et chats a augmenté de 12 % en 2017. En l’absence de données claires sur la population de chiens et de chats, il est difficile de déterminer la cause de cette augmentation.

Nouveau en 2019 : données sur l’utilisation des antibiotiques par espèce animale
Une nouveauté à partir de 2019 est la publication supplémentaire, dans le rapport BelVet-SAC, de l’utilisation des antibiotiques au niveau des secteurs (espèces animales) sur base des données collectées dans SANITEL-MED.

Cette répartition montre que plus des trois quarts des antibiotiques vendus en Belgique sont utilisés dans le secteur porcin (55 %), dans l’élevage de volaille (12 %) et de veaux de boucherie (11 %). La réduction de l’utilisation d’antibiotiques obtenue en 2018 par rapport à 2017 concerne principalement le secteur porcin (8,3 % mg/kg), tandis que l’utilisation augmente pour les veaux de boucherie (13,8 % mg/kg) et la volaille (17,7 % mg/kg).  

La réduction de moitié de la consommation d’antibiotiques dans l’élevage est encore possible.
Après avoir atteint deux des trois objectifs de l’AMCRA l’an dernier, les résultats à partir de 2018 sont encourageants pour atteindre le troisième et principal objectif d’ici 2020, soit une réduction de moitié de la consommation d’antibiotiques dans le secteur du bétail par rapport à 2011. Il reste encore une réduction de 14,6 % à atteindre. Les résultats des années précédentes montrent que c’est possible, mais cela exigera sans aucun doute un effort soutenu de la part de toutes les parties concernées.

Informations supplémentaires
Rapport BelVet-SAC 2018
Rapports BelVet-SAC précédents

Dernière mise à jour le 19/06/2019