PRAC novembre 2022 – Mesures concernant les inhibiteurs des Janus kinases, mise à jour des informations sur les vaccins à ARN messager contre la COVID-19 Comirnaty et Spikevax, et ajout d’un avertissement aux informations sur l'ustékinumab

Date: 16/11/2022

Lors de sa réunion de novembre 2022, le Pharmacovigilance Risk Assessment Committee de l’Agence européenne des médicaments a recommandé des mesures visant à réduire au maximum les effets indésirables graves des inhibiteurs des Janus kinases pour les troubles inflammatoires chroniques. En outre, le comité a recommandé d'ajouter les saignements menstruels abondants aux informations sur le produit comme effet indésirable des vaccins à ARN messager contre la COVID-19 Comirnaty et Spikevax, et d'ajouter un avertissement aux informations sur le produit pour l'ustékinumab (Stelara).

Inhibiteurs des Janus kinases (JAK) : mesures visant à réduire au maximum les effets indésirables graves
Le Pharmacovigilance Risk Assessment Committee (PRAC) recommande des mesures visant à réduire au maximum les effets indésirables graves associés aux inhibiteurs des Janus kinases utilisés pour le traitement de plusieurs troubles inflammatoires chroniques. Ces effets indésirables incluent des troubles cardiovasculaires, des thromboses, le cancer et des infections graves.

Le PRAC recommande de n'utiliser ces médicaments chez les patients suivants que dans le seul cas où aucune alternative de traitement valable n'est disponible : les personnes de 65 ans et plus, les personnes à risque accru de problèmes cardiovasculaires majeurs (tels qu'un infarctus ou un accident vasculaire), les personnes fumeuses ou qui ont fumé longtemps dans le passé et celles à risque accru de cancer.

Le PRAC recommande également d'utiliser les inhibiteurs de JAK avec précaution chez les patients à risque d'embolie pulmonaire et de thrombose veineuse profonde (maladie thromboembolique veineuse, MTEV) autres que ceux visés ci-dessus. De plus, il convient de réduire les doses chez certains groupes de patients à risque de MTEV, de cancer ou de problèmes cardiovasculaires majeurs.

Ces recommandations font suite à un réexamen des données disponibles, incluant les résultats finaux d'un essai clinique de l'inhibiteur de JAK Xeljanz (tofacitinib) et les conclusions préliminaires d'une étude observationnelle impliquant l'Olumiant (baricitinib), un autre inhibiteur de JAK. Lors de ce réexamen, le PRAC a recueilli l'avis d'un groupe d'experts composé de rhumatologues, de dermatologues, de gastro-entérologues et de représentants des patients. 

Le réexamen a confirmé que Xeljanz augmente le risque de problèmes cardiovasculaires majeurs, de cancer, de MTEV, d'infections graves et de décès quelle qu'en soit la cause par comparaison avec les inhibiteurs du TNF-alpha. Le PRAC a maintenant conclu que ces constatations en matière de sécurité s'appliquent à tous les usages approuvés des inhibiteurs de JAK dans les troubles inflammatoires chroniques (arthrite rhumatoïde, arthrite psoriasique, arthrite idiopathique juvénile, spondylarthrite axiale, colite ulcéreuse, dermatite atopique et alopécie en plaque). 

Les informations sur le produit pour les inhibiteurs de JAK utilisés pour le traitement des troubles inflammatoires chroniques seront actualisées avec ces recommandations et avertissements nouveaux. En outre, le matériel d'éducation pour les patients et les professionnels des soins de santé sera revu en fonction. Les patients qui s'interrogent sur leur traitement ou sur leur risque d'effets indésirables graves doivent contacter leur médecin. 

Les médicaments immunomodulateurs suivants, appartenant à la classe pharmacologique des inhibiteurs de la protéine kinase de la famille Janus kinase (JAK), sont autorisés et mis sur le marché en Belgique :

  • Olumiant (avec comme substance active le baricitinib),
  • Jyseleca (avec comme substance active le filgotinib),
  • Xeljanz (avec comme substance active le tofacitinib),
  • Rinvoq (avec comme substance active l'upadacitinib).

Vous trouverez de plus amples informations sur le site web de l’Agence européenne des médicaments (EMA).


Comirnaty et Spikevax : ajout des saignements menstruels abondants comme effet indésirable
Le PRAC recommande d'ajouter les saignements menstruels abondants aux informations sur le produit en tant qu'effet indésirable de fréquence inconnue des vaccins à ARN messager contre la COVID-19 Comirnaty et Spikevax. 

Les saignements menstruels abondants (règles abondantes) peuvent se définir comme des saignements caractérisés par un volume et/ou une durée accrus qui interfèrent avec la qualité de vie physique, sociale, émotionnelle et matérielle de la personne. Des cas de saignements menstruels abondants ont été rapportés après la première dose, la deuxième dose et la dose de rappel des vaccins Comirnaty et Spikevax.

Le PRAC a finalisé l'évaluation de ce signal de sécurité après un réexamen des données disponibles, qui incluent des cas rapportés lors d'essais cliniques, des cas rapportés spontanément dans la base de données Eudravigilance et des conclusions issues de la littérature médicale. 

Après le réexamen des données, le Comité a conclu qu'il existe à tout le moins une éventualité raisonnable que l'apparition de règles abondantes soit en relation causale avec ces vaccins et il a dès lors recommandé l'actualisation des informations sur le produit. 

Les données disponibles réexaminées impliquaient pour la plupart des cas qui se sont avérés non graves et de nature temporaire. 

Les troubles menstruels en général sont assez courants et peuvent survenir pour une multitude de raisons. Celles-ci incluent certains problèmes médicaux sous-jacents. Toute personne confrontée à des saignements après la ménopause ou inquiète à cause d'un changement de ses menstruations doit consulter son médecin. 

Il n'existe aucun élément probant suggérant que les troubles menstruels rencontrés par certaines personnes aient une quelconque incidence sur la reproduction ou la fertilité.  Les données disponibles sont rassurantes quant à l'utilisation des vaccins à ARN messager contre la COVID-19 avant et pendant la grossesse. Un réexamen effectué par l'Emergency Task Force de l'EMA a montré que les vaccins à ARN messager contre la COVID-19 n'entraînent pas de complications liées à la grossesse pour les mères enceintes ni pour leurs bébés, et qu'ils sont aussi efficaces pour réduire le risque d'hospitalisation et de décès chez les personnes enceintes que chez celles qui ne le sont pas.

Le Comité réaffirme que l'ensemble des données disponibles confirme que les bénéfices de ces vaccins compensent largement les risques.

Les professionnels des soins de santé, ainsi que les patientes, sont encouragés à continuer de signaler les cas de saignements menstruels abondants à leurs autorités nationales

Le PRAC continuera de surveiller les cas de ce genre et publiera un nouveau communiqué si de nouvelles recommandations se justifient. 

Les vaccins Comirnaty et Spikevax sont autorisés et disponibles en Belgique.

Vous trouverez de plus amples informations sur le site web de l’EMA.
 

Ustékinumab (Stelara) : mise en garde concernant l'utilisation de vaccins vivants chez des enfants en bas âge dont les mères ont reçu de l'ustékinumab pendant la grossesse
Le PRAC recommande d'ajouter une mise en garde aux informations sur le produit pour l'ustékinumab (Stelara) concernant l'utilisation de vaccins vivants chez des enfants en bas âge dont les mères ont reçu de l'ustékinumab pendant la grossesse.

L'ustékinumab est autorisé dans l'Union européenne pour le traitement du psoriasis sévère en plaques, de l'arthrite psoriasique, de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse.

Les informations sur le produit préconisent déjà d'éviter l'utilisation d'ustékinumab pendant la grossesse. Il est conseillé aux femmes en âge de procréer de ne pas tomber enceintes et d’utiliser des moyens de contraception adéquats pendant l'utilisation de Stelara et pendant 15 semaines au moins après le dernier traitement au Stelara.  

Le PRAC a réétudié les données probantes disponibles concernant l'utilisation d'ustékinumab pendant la grossesse, y compris celles d'études observationnelles provenant de l'UE, des États-Unis et du Canada, ainsi que celles d'un réexamen cumulatif demandé au titulaire de l'autorisation de mise sur le marché.

L'ustékinumab peut traverser le placenta. Il a été détecté dans le plasma (le composant liquide du sang) d'enfants en bas âge ayant été exposés à l'ustékinumab dans l'utérus (enfants dont les mères ont été traitées avec ce médicament pendant la grossesse). 

Bien que les données concernant l'ustékinumab soient limitées, le risque d'une infection pourrait être accru après la naissance chez les enfants en bas âge qui ont été exposés à l'ustékinumab dans l'utérus.

C'est pourquoi la recommandation du PRAC consiste à déconseiller, chez les enfants en bas âge ayant été exposés à l'ustékinumab dans l'utérus, l'administration de vaccins vivants (vaccins fabriqués à partir d'un virus ou d'une bactérie atténués) pendant les six mois suivant la naissance ou jusqu'à ce que les niveaux d'ustékinumab dans le plasma de l'enfant soient indétectables. Dans le cas d'un bénéfice clinique manifeste pour l'enfant individuellement, l'administration d'un vaccin vivant peut être envisagée plus tôt, si les niveaux d'ustékinumab dans le plasma de l'enfant sont indétectables. 

La recommandation du PRAC sera transmise au Comité des médicaments à usage humain de l'EMA (CHMP) pour adoption.

Le médicament Stelara est autorisé et commercialisé en Belgique.
Vous trouverez de plus amples informations sur le site web de l’EMA.

Dernière mise à jour le 16/11/2022